Se laisser aimer : { s’autoriser à aimer  ET  laisser l’autre m’aimer }

Se laisser aimer : { s’autoriser à aimer ET laisser l’autre m’aimer }

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Amour, PhiloSex

27 Dec 20

Quelle possibilité a-t-on en tant que cinquantenaire de profiter des joies de l’amour et des plaisirs érotiques ? Je dis cinquantenaire, mais je ferais tout aussi bien de dire : qui n’est plus dans la configuration relation-long-terme-emménager-faire-des-gosses…
Que nous propose notre société post-moderne ? En tant que femme : attendre de rencontrer ©quelqu’un-qu’on-aime-vraiment” (?!?! C’est quoi ça au juste ?!?), pour avoir “une relation sérieuse” avant de coucher (bah oui on est libérées mais faut pas exagérer quand même).
En tant qu’homme ? Bon là on a le droit de baiser au plaisir, mais on ne peut pas montrer qu’on aime, ni même qu’on se sent bien au risque de se faire embarquer voire happer dans une configuration “définitive” et exclusive de couple 😬😵

Donc on en fini par préférer être célibataire au long cours, et avoir quelques sex friends sous le manteau, en se gardant bien de s’emballer émotionnellement tellement la pression sur l’engagement est désagréable et la liberté de construire sa relation sur mesure difficile et dépréciée.
Ou pas.
Ou comme la plupart des femmes de plus de cinquante ans autour de moi, on se laisser aller, on se résigne à la solitude des jours, aux corps abandonnés à la ménopause et abandonnés des caresses… comme me disaient deux copines récemment “on sait plus ce que c’est, nous” 😱
On a pas tous trouvé quelqu’un avec qui partager sa vie, un “amant principal”, ou avec qui “on fait avec”, alors quoi, ceinture !??! Et ne me ramenez-pas là où il serait aisé de me cantonner : un bar swinger, une nympho, une peur de l’engagement.
Je ne parle pas que de sexe, mais d’échanges, d’amour, peut-être pas ©le-grand-amour, mais de ces petits amours et de ces grands petits bonheurs, un câlin, une caresse, un café, une écoute, un échange un peu plus intime qu’avec le collègue de bureau ou l’employé de banque. Mais ce n’est malheureusement culturellement pas correct. Ce serait s’abaisser. “On ne se donne pas comme ça”.
En fait, c’est comme si on avait pas le droit d’exprimer ce qu’on ressent de tendresse et de douceur envers l’autre, parce que ça n’entre pas dans la catégorie ©grand-amour, ©vraie-relation. Alors on fini trop souvent par garder ses “je t’aime”, retarder et/ou auto-limiter ses attentions et sa tendresse parce qu’à lui ça lui ferait peur, le grand saut, et pour elle, ce serait le signal d’un engagement dans lequel elle pourrait s’engouffrer. On s’auto-coince dans le vieil adage qui veut que les femmes donnent du sexe pour obtenir de l’amour et les hommes de l’amour pour obtenir du sexe 😓.
Du coup, mieux vaut rien qu’un truc dangereux… On pourrait y perdre notre indépendance et notre liberté. “il partirait en courant avec ce qu’on a de meilleur” (Le plus fort c’est mon père - Lynda Lemay). Si chère liberté si durement acquise au travers de la libération des familles, de la contraception, du travail, du droit au divorce et autres me too…
Du coup, on garde ses distances, sans trop se jeter dans l’expression de ses sentiments, de sa joie (et pourtant, “Réductible ni au plaisir ni à la volupté, la joie est […] bien plus qu’une émotion : une expérience existentielle” - Anne Dufourmantelle).

Alors que si je ne m’impose pas de limite à rencontrer, converser, donner, recevoir, si je reste ouverte à une possibilité d’échange sans être dans l’attente paralysante de ©l’homme-de-ma-vie, alors je peux en rencontrer plein 😃. Alors je peux me donner et recevoir tellement de richesses, d’affection et d’amour. Je peux aussi m’autoriser à ressentir sans appréhension, et exprimer ce que je ressens sans crainte, car oui, je me mets en danger car je m’expose, mais c’est aussi là que je reçois le plus.
Je me rends compte que tout échange porte sa pépite, et je décide de la sentir briller, et de m’y livrer, dans ce moment, ce temps unique qui m’est imparti au sein de cette relation singulière.
Sans attendre, sans espérer, sans me projeter. Sans hier. Sans demain.
Parce que la réalité, c’est maintenant.


Ils en parlent :

Le plus fort c’est mon père - Lynda Lemay
En cas d'Amour - Anne Dufourmantelle

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